Dans la Chine contemporaine, quatre histoires donnent à voir ce qui, de l'humanité, est mort. Utilisant « une caméra plutôt qu'un fusil »[1], Jia Zhang-ke y dénonce, entre fiction et documentaire, la place des sujets dans un monde où argent et pouvoir conduisent les hommes à ne plus se compter au un par un, sauf dans leur folie meurtrière. Sous nos yeux, « la structure traditionnelle de l'expérience humaine »[2] vole en éclats, percutée par le discours capitaliste. Face à l'impossibilité de poser des mots sur le réel, se multiplient les passages à l'acte.
Si, chez Scorsese dans Le loup de Wall Street, la jouissance reste bordée par un ordre symbolique malmené, ici, pas de loi, ni aucun espoir. Le dernier plan fait retour sur le premier, encadrés par une pulsion de mort aux commandes. Le spectateur, jusqu'à la nausée, assiste à la flambée du symptôme : le sans-limite du feu d'un réel qui « en est à chercher… du côté du zéro absolu »[3], autre nom d'une époque où règne la forclusion du sens.
Isabelle Pontécaille
ACF-VLB, Nantes, France