La maternité comme don de soi est un mythe qui a la peau dure : sa face de jouissance est déniée malgré les nombreux exemples donnés par des faits divers, des récits littéraires ou de cures, etc. Je fais l'hypothèse que nous assistons au XXIe siècle à un « pousse-à-la-mère » qui n'a aucun rapport avec l'équation freudienne : enfant = phallus. Mères porteuses, procréation assistée, adoption pour tous, femmes ménopausées qui tombent enceintes…

« L'heure n'est plus aux femmes de disposer de leur corps », lâche malgré lui ce psychiatre d'extrême-droite à la télévision suisse romande. Le débat porte sur la proposition du Parti évangélique suisse et de l'UDC de ne plus faire rembourser l'avortement par l'assurance maladie.

Les groupes fondamentalistes attaquent ce qu'ils considèrent comme une sexualité débridée, mais aussi l'intolérable d'un acte qui dit non à la possibilité d'être mère. Le fait donc que la maternité puisse être plus ravageante pour une femme que l'avortement est nié – voir aussi le débat au Parlement français autour du mot « détresse ». Est-ce la vieille haine du féminin qui ressurgit ? Le scandale d'un acte qui s'oppose à l'impératif d'« être mère » ?

Beatriz Premazzi
NLS, Genève