Au XXIe siècle, il arrive que des sujets en fin de vie fassent appel à un analyste, poussés par la nécessité de retracer les fils qui les ont conduits au cours de leur existence et, comme déjà dans un après-coup, le sens que prend pour eux la mort qui arrive. Il va alors s'agir de répondre présent, tout en réservant une place vide à ce qui ne pourra jamais être dit ni compris.
Le désir de l'analyste est donc tout particulièrement convoqué dans cette circonstance, et sans doute qu'il s'y condense une horreur de son acte qui rend plus difficile encore de tenir cette position qui consiste à peser incessamment son acte au regard de la juste position de l'analyste singulier qu'il est face à un patient singulier. Il n'y a pas de position idéale normée mais il y a à peser, au cas par cas, ce que le patient peut supporter de part de vérité et ce qu'il est nécessaire de laisser voilé.
Il s'agit de pouvoir entendre ce qu'un sujet, à l'heure ultime de sa vie, peut avoir à en dire, en étant aussi peu que possible pétrifié ou envahi par sa propre jouissance face à l'irréductible de ce réel.
Annie Dray-Stauffer
ECF, Paris