L'exposition « L'art en fusion »[1] a été l'occasion pour moi de redécouvrir une partie de l'œuvre de Frida Kahlo. Parmi les œuvres de l'artiste mexicaine et de son compagnon, Diego Rivera, dans cette profusion de couleurs, «La colonne brisée» se détache ; elle fait partie des autoportraits de l'artiste mexicaine, réalisés à des moments clefs de sa vie.
Ici est représentée sa colonne vertébrale, brisée dans un accident à 18 ans, ce qui donna lieu à des douleurs toute sa vie, parfois jusqu'à l'insoutenable, ainsi qu'à son infertilité. On y repère la manière dont l'art de Frida Kahlo a émergé de ses souffrances : le traitement qu'elle fait par son art du réel auquel elle a affaire. Elle dira du corset qu'elle devait porter à la fin de sa vie qu'il l'aidait à « supporter la colonne vertébrale ». On peut se demander si telle n'a pas été la fonction de la peinture pour l'artiste, une peinture dans laquelle son réel se dénude, se donne à voir, mais se traite aussi dans le même temps. Une peinture qui sertit le réel.
Anne Colombel-Plouzennec
Lamballe, ACF-VLB