Entretien réalisé par Anaëlle Lebovits-Quenehen
Le dernier roman de Yann Moix, Naissance, est un livre sans genre et que l'écrivain a écrit dans une « immunité totale ». Le fantasme qui a présidé à son écriture comprenait que ce livre serait sinon illisible, du moins « illu ». C'est ainsi qu'avec ce livre conçu comme une « suite de voies qui ne mènent nulle part », l'auteur touche au réel de la langue d'une façon inédite. Abolissant « toute contradiction », il fait de ce livre un commencement total et de son auteur un affranchi de l'histoire littéraire.
Naissance revendique ainsi la sortie du sens, l'égarement du lecteur le temps que lui-même éprouve la solitude radicale qui est le lot des êtres parlants.
Celui qui, enfant, a connu les coups, et a su susciter ceux de la critique pendant un trop long temps, a obtenu avec ce livre les lauriers de tous.
Ce qui a changé entre temps ? Le rapport au réel de Yann Moix assurément. Cette fois-ci, il a écrit à partir de sa différence absolue.
Moix Y., Naissance, Paris, Grasset, 2013 (Prix Reunaudot 2013)
Photo Yann Moix ©Yann Revol.