C'est une tendance actuelle que s'exhibent des têtes de mort. Version pointilliste ou stylisée, bariolée ou noir et blanc, de l'image à l'objet lui-même, toutes les variantes sont disponibles.
Une mode est à la tête de mort.
Le sujet contemporain peut utiliser l'image d'un réel à la seule fin de se compléter. Le skull, crâne en anglais, fonctionne comme révélateur de la face réelle de l'objet qui « n'est pas bien joli à voir »[1], mais cela s'effectue au prix d'une double opération de mystification. La teneur symbolique de l'objet est escamotée, au profit de ses formes imaginaires et réelles, et ce réel a subi une torsion visant à le départir des attributs qui le font sans loi.
L'image de la tête de mort n'est plus l'emblème des pirates du XVIIIe siècle, annonçant que le combat sera sans quartier, ni – d'encore plus sinistre mémoire – l'insigne militaire des SS au XXe siècle. Ni emblème, ni insigne, la tête de mort version déco se décline en ce début de XXIe siècle comme un logo, à disposition du sujet qui « n'en veut rien savoir », mais le réel ne s'en laisse pas compter.
Philippe Giovanelli
Section clinique, Nice