Le titre du IXe congrès de l'AMP indique que le réel n'est pas intemporel, la psychanalyse ne l'est non plus ; elle est un symptôme du réel de la science, aux conclusions dépourvues de sens. L'évolution de ce réel n'a cessé de s'accélérer (depuis Newton en passant par la physique quantique) et ce déferlement déshumanise de plus en plus l'univers. La réalité s'avère désormais pleinement, totalement inhumaine. Ce n'est pas sans conséquences.
Ainsi, l'actualité se caractérise par l'irruption de l'exigence de tout voir[1] : Let there be light ! Let there be sight ! (Que la lumière soit ! Qu'on y voit tout !)Il y a d'un côté la montée de traits voyeuristes et exhibitionnistes dans la génération selfy, mais aussi une tendance à réinstaurer l'Autre là où il n'existait pas – évidente dans les programmes de surveillance tels que PRISM[2].
On a récemment identifié au Canada « le délire de Truman »[3], fondé sur la conviction de vivre dans une émission de télé-réalité. Un patient écrit ainsi à son psychiatre : « Je sais que vous n'êtes pas de vrais médecins, vous n'êtes que des personnages dans l'émission de télévision dans laquelle je vis. La seule raison pour laquelle vous êtes là, c'est pour me tromper, pour me faire croire que je ne suis pas dans une émission de télévision. Mais je sais que je suis dans une émission de télévision. ». C'est le type hypermoderne d'un délire de relation des sensitifs, dont l'émergence est logique dans un monde où prolifèrent le regard, l'omniscience digitale et l'enregistrement de tous.
David Hafner
Paris