Un réel pour le XXI sciècle
ASSOCIATION MONDIALE DE PSYCHANALYSE
IXe Congr�s de l'AMP � 14-18 avril 2014 � Paris � Palais des Congr�s � www.wapol.org

Exorcismes
Blanca Perez Flament

Pour Yves-Charles Zarka, les attaques réitérées contre la psychanalyse sont l'effet d'une civilisation dont l'objectif « est de conformer les sujets aux valeurs instrumentales que sont la productivité, l'efficacité, la performance »[1]. Tout devient problème auquel il convient d'apporter la solution. Tout est inadaptation qu'il convient d'adapter, tout est déviance qu'il convient de redresser.

Seulement, ça ne marche pas. Confrontés à l'idéologie dominante, les sujets en désarroi ne savent plus à quel saint se vouer, comme en témoigne le renouveau des pratiques d'exorcisme encadrées par le Vatican : c'est de 1990 que date la création de l'Association internationale des exorcistes, c'est en 2012 que le chef exorciste du Vatican remercie le pape Benoît XVI pour « avoir encouragé l'action des exorcistes du monde entier », lui-même ayant été soupçonné de pratiquer un exorcisme sur un jeune handicapé en 2013.

Ce qu'il convient d'exorciser, de tout temps, c'est la menace que constitue le sujet, celui qui « dysfonctionne » bruyamment et désigne de tout son corps le désordre de son époque. Pour Lacan, « le seul exorcisme dont soit capable la psychanalyse, c'est que le déchiffrage se résume à ce qui fait du symptôme qui avant tout ne cesse pas de s'écrire du réel »[2], sans indexation à l'Autre divin.

Le discours de la psychanalyse s'affirme plus subversif que jamais. C'est de tenir cette position éminemment politique que dépend l'avenir de la psychanalyse au XXIe siècle.

Blanca Perez Flament
Breuvigny dans la Manche, ACF-Normandie


  1. « La psychanalyse contre la nouvelle barbarie », Cités, n° 54, 2013.
  2. Lacan J., « La troisième », Lettres de l'École freudienne, n°16, Paris, 1975, p. 194.