Et ainsi, le Président de la République sortant, Nicolas Sarkozy, installa son Quartier Général de campagne de 2012 à environ 500 mètres de mon domicile. Durant les mois de mars et avril, son équipe de campagne loua parfois une salle à mi-chemin de mon domicile et du QG.
Une fois fit exception : un attroupement s'était formé sur le trottoir face à cette salle. Nicolas Sarkozy était annoncé, quelques-uns partageaient l'information comme une confidence. Voitures, costumes, cravates Lanvin, oreillettes.
Rapidement, quelque chose de physique s'est produit, une indescriptible électricité dans l'air. En état de qui-vive, dans l'expectative, je n'entretenais aucune familiarité avec la scène qui me portait pourtant par son silence. La vie telle qu'elle est quand on n'y prend pas part, disait Virginia Woolf.
« Monsieur, vous allez me suivre s'il vous plaît. » Il est tout contre moi et me presse subtilement sans me brusquer vers un hall de parking voisin, vérifie ma carte d'identité qu'il passe à deux collègues qui partent téléphoner. Globalement, personne de la foule qui m'entoure ne s'est aperçu de quoi que ce soit ou fait mine que quoi que ce soit ne se passe. Sac fouillé. Téléphone raccroché, on me rend ma pièce d'identité. « Vous êtes un admirateur ? Merci monsieur, bonne visite. » Clé en main, la question, la réponse.
Le Président arrivera quelques minutes plus tard, le regard absent comme si son avenir était déjà celui d'un homme traqué à son tour, comme à l'instant les siens traquaient l'errance des regards tant la leur ne leur était plus supportable.
Luc Garcia
ACF, Paris