La réponse donnée par Angelina Jolie à la statistique prédictive est radicale. La médecine avait évalué chez elle un risque très sérieux de cancer du sein et des ovaires selon des calculs statistiques tenant compte notamment de la génétique. Comme pour de nombreuses femmes, le résultat de la concertation avec le corps médical a abouti à une double mastectomie et à une ovariectomie.

Au-delà de la question de la décision saisissante de cette femme, que dire du discours qui en a résulté – les commentaires sidérants des médias nous plongeant au cœur du réel en jeu ? On peut y lire une castration s'opérant dans le réel à défaut de se produire dans le symbolique, avec pour indices : 1- un discours univoque,
2- l'insistance sur la maitrise glorieuse du corps et de la mort. Lorsque le lien entre le sujet et l'objet est forclos, ne reste que du rien, signe et objet de l'époque hypermoderne.

L'acte fut salué unanimement comme héroïque, courageux : c'était le geste d'amour d'une mère vis-à-vis de ses enfants, un pied de nez à la mort. À aucun moment ne fut évoquée l'hypothèse de ce qui, forclos du symbolique, pouvait faire retour dans le réel. N'est-ce pas le retour d'une amazone des temps modernes avec à la clé l'illimité du féminin ? Car sous le couvert de la mère parfaite présentée par les médias, se cachent bien souvent les excès du féminin, lorsque le sujet se désarrime de l'ancrage phallique et se perd du coté de S().

L'époque hypermoderne donne la part belle à ces femmes qui, sur fond de vaporisation du Nom-du-Père, ont un accès de plus en plus ouvert à la jouissance Autre.

Babeth Hamel
ASREEP-NLS, Genève