Le médecin est derrière son bureau devant lequel je suis assise. Tout à coup, derrière moi, la porte qu'on pousse violemment. Je frissonne. C'est un de ses confrères, en colère.

Un peu plus tard, dans ma voiture, un doigt sur la commissure droite de ma bouche, j'ai cette certitude inattendue : je vais avoir un herpès. En effet le lendemain il est là, douloureux. Je le connais bien mais, longtemps, je n'y ai pas prêté grande attention. Cette fois, dans l'analyse, j'associe sa survenue, pour la première fois, à cet événement précis : un bruit derrière moi, soudain, et ce frisson. Comme lorsque mon père est tombé, derrière moi, quand j'avais dix ans et que j'ai vu, me retournant, son visage que la mort avait crispé en une grimace de haine. J'ai pu ensuite, m'interrogeant, associer chaque nouvelle survenue d'herpès à un événement de ce genre : le bruit, derrière, le frisson. Cela en a, à chaque fois, limité l'extension.

Et puis il a fini par ne plus revenir.

Chantal Guibert
ACF-VLB, Le Mans