Un réel pour le XXI sciècle
ASSOCIATION MONDIALE DE PSYCHANALYSE
IXe Congr�s de l'AMP � 14-18 avril 2014 � Paris � Palais des Congr�s � www.wapol.org

Tendance « skull »
Philippe Giovanelli

C'est une tendance actuelle que s'exhibent des têtes de mort. Version pointilliste ou stylisée, bariolée ou noir et blanc, de l'image à l'objet lui-même, toutes les variantes sont disponibles.
Une mode est à la tête de mort.

Le sujet contemporain peut utiliser l'image d'un réel à la seule fin de se compléter. Le skull, crâne en anglais, fonctionne comme révélateur de la face réelle de l'objet qui « n'est pas bien joli à voir »[1], mais cela s'effectue au prix d'une double opération de mystification. La teneur symbolique de l'objet est escamotée, au profit de ses formes imaginaires et réelles, et ce réel a subi une torsion visant à le départir des attributs qui le font sans loi.

L'image de la tête de mort n'est plus l'emblème des pirates du XVIIIe siècle, annonçant que le combat sera sans quartier, ni – d'encore plus sinistre mémoire – l'insigne militaire des SS au XXe siècle. Ni emblème, ni insigne, la tête de mort version déco se décline en ce début de XXIe siècle comme un logo, à disposition du sujet qui « n'en veut rien savoir », mais le réel ne s'en laisse pas compter.

Philippe Giovanelli
Section clinique, Nice


  1. Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L'éthique de la psychanalyse, p. 256 : « C'est évidemment parce que le vrai n'est pas bien joli à voir que le beau en est, sinon la splendeur, tout au moins la couverture. »