Un réel pour le XXI sciècle
ASSOCIATION MONDIALE DE PSYCHANALYSE
IXe Congr�s de l'AMP � 14-18 avril 2014 � Paris � Palais des Congr�s � www.wapol.org

Bill Viola forever
Armelle Gaydon
Bill Viola, The Dreamers (détail), 2013, installation vidéo sonore. Photo Kira Perov

Paris a la chance d'accueillir la plus grande rétrospective consacrée à ce jour à Bill Viola[1]. Avec le slow motion, le ralenti poussé à l'extrême devenu une véritable signature, ce pionnier de l'art vidéo filme ses personnages dans le mouvement de la vie, tout en les extrayant du cours inexorable du temps qui passe. « Sculpteur du temps », il l'étire, le ralentit, le suspend, jusqu'à l'éterniser – pour le maîtriser. C'est fortiche, cette capture du vivant qui neutralise le temps pour offrir l'immortalité à ses personnages.

Mais Bill Viola vise le « regardeur » au-delà des apparences. Aussi importe-t-il que son projet échoue – comme en témoignent souterrainement ses bandes-son. S'entr'aperçoit alors que suspendre le temps, c'est suspendre la vie. Car sont-ils morts ou vifs ces personnages rêvant entre deux eaux (The Dreamers), ces gens incrédules face à l'inéluctable (Deluge) ou qui croyaient écarter la mort en réduisant leur vie à leur corps (Man Searching for Immortality / Women Searching for Eternity) ?

Pour Lacan ce qui est forclos dans le symbolique fait retour dans le réel. Chez Bill Viola le réel obscur de l'image captivante fait retour dans la bande-son, dans ces déchainements sonores par lesquels Bill Viola, devenu « sculpteur de sons », parvient à transformer les sons en images. Une construction en trompe-l'œil avec double-fond qui confère à l'œuvre de Bill Viola sa force percutante et une grande puissance d'évocation.

Armelle Gaydon
ECF, Nice


  1. Exposition Bill Viola, Paris, Grand Palais, 5 mars -21 juillet 2014. Réserver : http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/bill-viola
Bill Viola, The Deluge, 2002, video/sound installation, 36 minutes, private collection. Photo Kira Perov