Dans un service pour adolescent au XXIe siècle, la matinée commence par une plongée dans Naruto[1] où un Hokage scelle un démon renard à neuf queues dans le ventre de son fils pour le protéger. La frontière imaginaire est mince entre Naruto qui veut devenir maître Hokage et l'adolescent agité qui veut devenir adjoint de sécurité pour respecter la loi. La journée se poursuit par les propos d'une adolescente habituellement éteinte qui parvient à subjectiver un « je n'aime pas qu'on me force, mais je n'ose pas le dire aux adultes, car j'ai peur qu'ils le prennent mal ».

Plus tard, un jeune homme, déprimé depuis des années, affirme être moins timide depuis qu'il fait la fête. Il revient alors sur son interminable hospitalisation qui avait laissé son corps meurtri par les opérations et les appareillages… Pour un autre, il est question d'objets contemporains : portables, tablettes et autres consoles vidéos dérobés, cassés, à jamais perdus. Finalement, la journée se ponctue sur la « flemme », envers de cette curieuse jouissance de notre époque trop speed.

Un trop, un impossible à dire, un trauma, un plus-de-jouir, une impasse de la jouissance… autant de bouts de réel dont l'analyste tient compte. Sans forcer le sens, ni l'interprétation, il s'agit alors de souligner au plus juste les propres articulations du sujet en allégeant pour l'un sa persécution, pour l'autre sa mortification, en tempérant sa culpabilité ou en enrayant son fading.

Alice Ha Pham
Orientée par l'ECF, Paris